Taillées dans la matière brute, patinées par le temps, les sculptures de Hugues Maurin nous disent une histoire. Ces fossiles modernes aux volumes anthropomorphes nous parlent des hommes, de la vie, sur un ton d’éternité.
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MBB : Vous avez beaucoup travaillé avec des matériaux traditionnels, le bois, la pierre... Qu'est ce qui vous a amené à utiliser le ciment pour vos sculptures ?
Hugues Maurin : J'ai fait beaucoup de modelage et de moulages en plâtre. Le ciment, je m'y suis intéressé par curiosité, en regardant travailler les maçons. Je trouvais que c'était une technique de travail intéressante, malgré les contraintes de coulage et de moulage..
Par la sculpture, en élaguant tout savoir préétabli, je cherche à rejoindre une expression essentielle, parfois brutale. Rendre visibles les signes, traces et blessures qui sillonnent, colorent, scarifient l'existence. Chaque sculpture est Monument, Totem, Autel et calme indignation : interprétation intime des effets et des corrosions du temps.
MBB : Comment travaillez-vous ce matériau ?
Hugues Maurin : J'utilise des ciments blancs ou gris que je colore avec des poudres, ou des sables aux teintes variées : sable rouge de Dordogne, sables de rivière, sable de plage rincés... Je coule ensuite le béton dans un moule en plâtre qui est une ébauche grossière de la sculpture que je veux réaliser. Je décoffre très rapidement, et avant le séchage complet, pour pouvoir retravailler la pièce. Je dispose alors d'environ deux heures pour modeler à la main le béton encore frais. Dernière étape, lorsque le béton est durci, je le traite comme le bois ou la pierre, au ciseau ou au grattoir.
MBB : Certaines de vos sculptures présentent un aspect « patiné » très surprenant. Comment obtenez-vous cet effet ?
Hugues Maurin : J'utilise des films démoulant pour donner au béton cet aspect lisse et glacé. Je voulais ennoblir ce matériau brut et commun, lui donner une apparence précieuse. C'est d'ailleurs ce jeu d'opposition entre l'aspect mat du béton taillé et le côté brillant et précieux des glaçures qui m'intéresse.
MBB : Quelles ont été pour vous les contraintes de ce matériau ?
Hugues Maurin : Les coffrages. Certaines œuvres ont du être réalisées en plusieurs pièces. J'ai parfois même été obligé de supprimer certains angles. Mais la difficulté du travail, c'est aussi tout son intérêt. Le béton donne au point de vue formel, des possibilités que n'offriront jamais les autres matériaux, il a une peau intéressante, un côté fort et puissant.
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